
Ouverture de la session ordinaire du Parlement, le 1er octobre 2025, avec au programme le renouvellement des postes-clés de l'Assemblée nationale ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
Le Rassemblement national de retour au Bureau de l'Assemblée : laissé à la porte de la plus haute instance exécutive de la chambre basse en 2024, le groupe de Marine Le Pen a récupéré mercredi deux vice-présidences, au grand dam de la gauche qui appelait à un "front républicain".
C'était le premier acte de la nouvelle session ordinaire du Parlement, qui rouvre ses portes dans un certain brouillard : en l'absence de ministres, le socle commun du centre et de la droite tente de finaliser un accord de gouvernement et de s'entendre sur la composition de l'équipe qui entourera le Premier ministre Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre.
A l'issue d'un seul tour de scrutin, les députés RN Sébastien Chenu (341 voix) et Hélène Laporte (340 voix) ont retrouvé les vice-présidences de l'Assemblée qu'ils avaient occupées entre 2022 et 2024. Un poste en vue permettant de diriger les débats dans l'hémicycle depuis le perchoir, et de notabiliser un RN en quête de responsabilités.
"C’est une victoire pour nos onze millions d’électeurs, qui ont droit, comme chaque Français, au respect de leurs idées", a estimé sur X la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen.
Les insoumises Clémence Guetté (501 voix) et Nadège Abomangoli (501 voix et promue première vice-présidente) retrouvent également leurs postes, avec les voix de la gauche mais aussi de l'essentiel des autres groupes.

Les députés RN Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont retrouvé les vice-présidences de l'Assemblée, le 1er octobre 2025 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
Christophe Blanchet (MoDem, 387 voix) et Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons, 385 voix), complètent le collège des six vice-présidents. A l'inverse, les écologistes et la droite perdent une vice-présidence, comme Renaissance, le groupe de Gabriel Attal, qui a laissé la sienne au MoDem.
Un scénario mis sur le métier depuis des mois, notamment par la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (Renaissance), qui souhaitait une répartition proportionnelle au poids des groupes, contrairement à l'an passé. Son poste à elle n'était pas renouvelé.
- La gauche agacée -
La gauche s'est insurgée face à ce résultat: "Nous regrettons que des députés RN puissent avoir été élus par des députés ayant participé au front républicain" lors des législatives anticipées, a regretté la porte-parole socialiste Mélanie Thomin, l'écologiste Jérémie Iordanoff dénonçant un accord "extrêmement grave" entre bloc central et RN.
Le Nouveau Front populaire avait profité l'an dernier d'une démobilisation d'une partie du socle commun pour décrocher une majorité au bureau de l'Assemblée, qu'il devrait perdre cette année.
Cette fois, dos au mur, insoumis et écologistes ont longuement discuté de qui devait perdre sa vice-présidence. Selon des sources parlementaires au socle commun et à gauche, les groupes de gauche se sont accordés sur le fait que les insoumises avaient vocation à être élues en priorité. Une information dûment transmise à Mme Braun-Pivet, selon un cadre du socle commun.
Mais les écologistes ont maintenu deux candidatures, pour qu'un vote ait lieu dans l'hémicycle.

La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet préside la séance ouvrant la session ordinaire du Parlement, le 1er octobre 2025 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
L'Assemblée a aussi reconduit sans difficulté les trois questeures sortantes : Christine Pirès Beaune (PS), Michèle Tabarot (LR) et Brigitte Klinkert (Renaissance) restent chargées de la bonne santé financière de l'institution. Douze députés-secrétaires seront désignés jeudi matin pour compléter le nouveau Bureau.
Egalement remises en jeu jeudi après-midi les présidences des commissions permanentes, dont l'emblématique commission des Finances, réservée à l'opposition. Le sortant Eric Coquerel (LFI) espère garder son poste. Le socialiste Philippe Brun, que des rumeurs annonçaient candidat, a indiqué à l'AFP qu'il soutiendrait comme son groupe Eric Coquerel.
Le socle commun tentera de reprendre les présidences des Affaires économiques et des Affaires culturelles, remportées par la gauche en 2024.
- Motion de censure attendue -

Proximité entre les quatre groupes parlementaires qui ont composé les gouvernements des 16e et 17e législatures et les autres groupes parlementaires, avant et après la dissolution de l'Assemblée nationale de juin 2024 ( AFP / Valentin RAKOVSKY )
Une fois en ordre de marche, l'Assemblée va pouvoir reprendre ses travaux habituels à partir du 6 octobre. Le Premier ministre devrait prononcer une déclaration de politique générale en début de semaine, selon des sources concordantes.
Il devra aussi affronter rapidement une motion de censure de LFI. Le PS pourrait aussi en déposer une, en fonction de ce que lui dira le Premier ministre lors d'une rencontre prévue vendredi, présentée comme celle de la "dernière chance" par le premier secrétaire Olivier Faure.
A supposer que Sébastien Lecornu surmonte l'obstacle, peu de textes pourront être examinés les deux premières semaines, en raison de la nomination tardive du gouvernement, attendu en fin de semaine, et qui devrait faire la part belle aux sortants. Le budget sevrait lui arriver sur le bureau des deux assemblées mi-octobre.
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